Arrivée d'Octobre N.

Froide et distante, froide et distante, froide et distante.. Je me répètais sans cesse ces mots depuis que la voiture avait démarré. On m'amenait à l'aéroport, loin de chez moi. Je n'avais pas le sourire au lèvres, ç'aurait été montrer ma joie. Je n'avais pas non plus une mine triste, ç'aurait été lui donner raison, ce que je ne voulais absolument pas. L'aéroport fut vite en vue et je quittais avec empressement ce père qui m'exilait. Je quittais ma terre natale, cette Irlande adorée.

Dans l'avion, mon voisin de siège tente d'entrer en conversation avec moi. C'est un bel homme, mûr, la trentaine, un bel homme quoi. Je l'en dissuade d'un haussement d'épaule et en revient à ma contemplation du ciel. Il fait nuit, j'arriverais au petit matin. Le ciel est étoilé, ça me fait penser à nos soirées sur le toit de l'immeuble où Julian habitait. D'un coup rageur, je descend le volet et empêche ainsi mes pensées de partir vers Julian. Mon voisin sursaute au claquement sec qu'émet le volet.

Le jour se lève lentement, mon volet est réouvert, je regarde le levé du soleil. Dans un moment de désinteressement, je fixe le magasine que mon voisin de siège tiens en main, Cheval Magazine, ça fait des mois que je n'ai plus lu ce magazine, j'y suis pourtant abonnée.. Il remarque mon regard et me tend le magazine avec un "s'il vous plaît" poli. Je le remercie d'un sourire et commence à feuilletter le magazine.

Plus tard, c'est le ciel étoilé qui retient mon regard. Les étoiles sont magnifiques. D'un mouvement brusque du poignet, je baisse le volet du hublot. Ce ciel étoilé me fait penser aux nombreuses soirées passées sur le toit de l'immeuble de Julian. je ne veux pas que mes pensées aillent jusqu'à lui, je ne veux pas qu'il me sente malheureuse. Mon voisin sursaute au claquement sec du volet. je m'excuse presqu'inaudiblement.

L'avion amorce son atterrissage, d'un geste habitué, je plaque mes mains contre mes oreilles pour diminuer l'intensité de la douleur. Presque aussitôt, mon voisin me propose un bonbon à la menthe, il m'explique que ça diminue la douleur de l'atterrissage, j'accepte le bonbon et le remercie une fois de plus. Décidément, le fait de quitter ma terre natale me rend plus agréable aux inconnus.

Après avoir récupéré mon sac de sport et ma valise, je pars à la recherche d'un taxi et en hèle un. le chauffeur roule vite, trop vite. Je suis obligée de m'aggripper à la poignée de la portière pour éviter de me fracasser la tête contre celle opposée. C'est fou ce que c'est inconfortable. Il freine brutalement et s'engage dans le dernier tournant. je suis arrivée à destination. il sort mes baggages du coffre, je paye et il repart à vive allure, comme il était arrivé.

J'ai un problème, mes sacs pèsent une tonne et je n'ai que deux bras. Enfin ce n'est pas une question de nombre de bras parce que même si j'en avais trois, je ne saurai porter tout ça. Soit il va falloir que je fasse deux aller-retour, soit un gentil jeune homme va me venir en aide. Rêve toujours October personne ne veut de toi. Tu porteras donc tout toute seule.

Levé tôt ? Non, juste à 9h. La tête dans les nuages Shannon répétait encore les gestes du matin les yeux mi-clos, verser son lait, tremper, manger, un rituel qu'elle faisait chaque matin et même en ayant quitté sa maison, elle s'était vite habituée à l'endroit et n'avait donc pas besoin de fournir de gros effort. Après une bonne douche, elle était en forme. Les cheveux lâchés, un bustier rose accompagné d'un short noir, en bas de l'escalier, elle chaussa ses ballerines, mis ses grosses lunettes de soleil dans ses cheveux, prit son sac à main et attrapa ses clés de voiture avant de fermer la porte avec précaution. Appuyant sur les clés, elle reconnut aussitôt le bruit familier de sa coupe cabriolet noire, cadeau de ses 17 ans, merci papa.

Le contact mis, le soleil étant au rendez-vous, elle fit rentrer le toit, à la radio : Shut up and Drive de Rihanna. Montant le son, la belle française se mit en route pour l'académie, où elle commençait à travailler depuis quelques jours en tant que réceptionniste. Garant sa voiture dans une place qu'elle occupait depuis le début de son travail, refermant le toit, brunette coupa le contact et referma sa voiture après être sorti. Le soleil n'étant pas encore bien présent, la belle n'eu pas besoin de mettre ses lunettes pour protéger ses yeux bleus, fragiles. Au virage du bâtiment, elle découvrit qu'il y avait une jeune femme surement fraichement arrivée. Avec un grand sourire, miss se dirigea vers celle-ci, qui disposait de plus de valise que de bras.

- Bonjour, puis-je vous aidez ? -

October était restée sur place, ses valises et sacs au pieds. Elle se sentit un peu bête d'être restée pensive, imobile si longtemps. Quand elle revint à la réalité, une jeune femme tournait au coin du bâtiment.

<< Hello.

Elle avait répondu à la proposition de la jeune femme d'un simple "Hello" c'était à mettre sur le compte de sa froideur naturelle. Elle se força à laisser passer un:

<< Oui, merci.

Elle ne bafouillait pas, elle ne bafouillait jamais. Elle ne parlait pas souvent et surtout, pas beaucoup. October n'avait pas grand chose à raconter, à personne. Et surtout à cette inconnue, bien qu'elle lui aie proposé son aide. L'adolescente prit le sac le plus lourd, laissant sa valise à la demoiselle qui lui avait si gentimment proposé un peu d'aide. Arrivée au pied de l'escalier qui menait aux chambres, October remercia la jeune fille et lui expliqua qu'elle allait poursuivre seule, afin de ne pas la déranger.