Elizabeth Summerby - Examen

~~ 21 JUIN 2008 - 6H49 AM ~~



Alors que le soleil commence à faire son apparition dans le ciel de Miami, une jeune fille aux chevaux noirs et au teint aussi blanc que la neige pousse doucement la porte coulissante des écuries. Elle est vêtue de façon très simpliste, un petit polo noir, une culotte d’équitation grise, et des boots et bottes assorties au haut. Ses cheveux à peine coiffés sont attachés par une simple queue de cheval. Elle porte sur son épaule droite un sac à dos tâché de boue, quelle avait l’habitude de prendre lorsqu’elle allait à son club, en Angleterre. A côté d’elle se tient un chariot portant toutes ses affaires. Cette fille, c’est moi. Négligée, pensez vous ? Non. Seulement, je ne vois pas spécialement l’intérêt de me faire belle pour aller monter, les chevaux se m’écouteront pas d’avantage.

Les quelques rayons de soleil que j’ai fais entrer éclairent les premiers boxes. Quelques têtes sont sorties, certaines à moitié endormies, d’autres totalement réveillées et curieuses de voir qui venait déranger le calme profond du lieux. Encore une fois, et sans lassitude, j’admire la propreté de l’endroit, la perfection des construction. Je passe devant les boxes, lis les plaques, observe les prix gagnés. Poussant toujours mon matériel, je croise Sunset Dawn, Coyote Death, ou encore Lady Myling, avant de m’arrêter devant le box de Remember Me.


Je reste plantée là un moment, à le regarder. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose en lui m’a attiré dès que je l’ai vu. Peut-être cette présence troublante qui se dégage de lui, ou bien la façon qu’il a de fixer quiconque le regarde dans les yeux, comme pour le défier de se montrer maître. Lui aussi reste immobile. Il est là, tapi au font de son box, face à moi, et me fixe alors que je continue de le contempler, insatiable. Sa robe noire se fond parfaitement dans l’obscurité de l’écurie. Sa liste blanche reste le oint que je fixe le plus, elle me laisse imaginer une trace de réconfort au milieu de cette masse inquiétante.

Ma montre sonne, et me tire de mes esprits. 7H00 AM. Sans un mot, j’attrape ma boite de pansage, la pose au sol, l’ouvre, en sors l’étrille et entre dans le box. Le noir souffle des naseaux, s’ébroue, mais ne bouge pas. Je souris. J‘avance encore, et tente une main vers lui. Il ne dit toujours rien. Tant mieux, j’avoue que j’étais un peu hésitante à l’idée de monter un étalon. La première rencontre se passe plutôt bien. Je caresse son encolure, avant que ma main droite ne rejoigne la gauche avec l’étrille. Le pansage se passe sans encombres, Remember est docile, tranquille. Reste à le voir en tant que monture. Une fois l’étalon sellé, filleté, et protégé, je sors du bombe, attrape ma bombe dans mon sac à dos, une paire de gants, les enfile. Puis je prends les rênes, et nous sortons de l’écurie. [/font]Allez, go, mon grand !

Dehors, le temps est idéal en ce début d’été. Un grand ciel bleu surplombe les environs, la température matinale n’excède pas les 20°C, et une légère brise portant encore l’humidité de la nuit vient nous caresser. Je regarde autour de moi. Il commence à y avoir de l’activité dans les écuries. J’attends un instant, puis me dirige vers la carrière de dressage. Je ne tarde pas à retrouver la première impression que j’avais eut en voyant Me’ pour la première fois. En main, il est fier, et respecte peu le cavalier. Il me bouscule, cherche à aller en avant, ou tente tout à coup de changer de direction. À chaque fois, e le reprends d’une manière qui se veut ferme et qui fonctionne avec les autres chevaux. Mais il semblerait que tirer sur les rênes ne lui fasse pas plus d’effet qu’une mouche qui viendrait se poser sur ses commissures. Si j’en viens à acheter ce cheval, c’est probablement le premier point que je devrais travailler.

Nous arrivons à la carrière. Je pousse la barrière, nous entrons, et je referme derrière moi. Puis j’accroche ma bombe, avant d’emmener le grand noir au centre de la carrière. Là, je ressangle, et passe les rênes par dessus l’encolure. Il plaque ses oreilles en arrière quand je les tends pour monter. Par simple précaution, je les laisse lâches. Je pose ensuite mon pied gauche dans l’étrier, et me pousse pour me hisser sur la monture. Rem’ avance, les oreilles droites, et part au petit trot. Oh oh… ! Je raccourcis mes rênes et me redresse, fermant mes jambes de manière à le faire repasser au pas. Il s’exécute. Je caresse son encolure, et règle mes étriers. Il a l’air de vouloir me tester. Tout comme moi, d’ailleurs. Tant mieux. Je préfère ce genre de chevaux à ceux qui restent passifs et écoutent sagement ce que lui demande le cavalier. Je laisse l’étalon marcher rênes longues quelques minutes, tentant, de temps en temps, quelques allongements d’un mouvement de bassin. Puis je serre mes mollets, et demande un départ au petit trot.

Là, je reprends mes rênes, et trotte en levé. Je commence ma détente en le callant sur des cercles de vingt mètres, d’abord à main droite, puis à main gauche. Dans les diagonales, je lui demande d’allonger ses foulées. Souvent, il part au galop. Alors, je tente de le reprendre. Parfois ça marche, mais la plupart du temps, non. Il peut me donner des réactions contraires quand bon lui semble. La plupart du temps, il a tendance à chercher à s’enfuit dans un galop plus rapide, en levant la tête de creusant son dos. Dans ces cas là, je suis forcée de l’arrêter dans la barrière. Des STOP ! ou des OH ! retentissent souvent. Je décide de me remettre sur des cercles, en réduisant au maximum le contact avec sa bouche, et travaille principalement sur des incurvations ou contre-incurvations, qu’il exécute à merveille. Je repasse souvent au pas, et le caresse ou le gratte le garrot, avant de repartir.[/font]

Remember semble s’être calmé. Je décide de reprendre mes allongements. Quittant le cercle des yeux, je fixe la lettre F de l’autre côté de la carrière, et quitte la piste de H pour la rejoindre. Là, j’avance mes mains et actionne un mouvement de l’assiette vers l’avant. Il allonge, mais je demande trop, et il tombe dans le galop. C’est ma faute cette fois, alors je ne cherche pas à l’arrêter net. Il a fait ce que je lui ai demandé, même si ce n’était pas ce que je voulais. Par réflexe, je me redresse, bloque me bassin, serre mes jambes et… raccourcis mes rênes. Je hausse un sourcil surpris en voyant qu’il repasse dans un petit trot cadencé. Il semblerait qui se soit foutu de moi durant tout le début de la séance, et qu’il ait oublié qu’il avait peur du mors.

Je souris, à la fois amusée et agréablement surprise de l’intelligence du cheval, mais aussi députée d’être tombée dans le panneau. Je refais un cercle en A histoire de ra cadencer son trot, pour repartir sur KM avec un nouvel allongement, en prenant soin, cette fois-ci de ne pas en demander trop. Je me souviens de la phrase que me répétait sans cesse mon moniteur. Demander souvent, se contenter de peu, récompenser beaucoup. E le reprends quelques mètres avant M, pour demander un galop en C. Je tends ma rène extérieure, écarte l’intérieure, tiens ma jambe droite à la sangle et avance légèrement la gauche. Une petite pression de celle-ci suffit pour que le cheval fasse sa transition au point voulut Mais c’eût été trop beau. Il recommence son manège, et part en coups-de-cul et sauts de mouton au travers de la carrière.

Il commence à m’énerver, mais je ne compte pas lui démonter la bouche. Je me tiens en arrière, me mets en équilibre, laisse mes rênes longues et serre mes mollets. Vas-y galope ! Tu veux galoper . Galope ! Là, il m’écoute à la perfection ! Quelques tours de piste plus tard, je sens son galop perdre en allure, puis il retombe dans le trot. Je rassieds, reprends du contact, et lui demande d’avancer d’un mouvement e bassin. Je joue dans mes doigts pour lui demander de venir se poser sur le mors. J’enchaîne des huit de chiffres et serpentines à quatre boucles. Puis, en bloquant mon bassin et redressant mon dos, je lui demande de revenir au pas. Là, je lâche mes rênes, et le laisse reprendre son souffle. Nous marchons ainsi une dizaine de minutes.

Il a rapidement repris sa respiration, mais je ne voulais pas qu’il se sente contraint à travailler. Je ne compte pas travailler encore longtemps, je me contenterai d’obtenir trois belles allures et des transitions sans avoir à lutter pour tenir. Reprenant mes rênes et pressant les mollets, nous reprenons le trot. Rembember tente d’abord de s’échapper, et précipite son allure la tête haute. J’essaie de le recaler en bloquant mon bassin et mes mains au garrot. Je suis ravie de voir qu’il ne cherche pas à aller plus loin. Alors je place mes aides comme précédemment et redemande le galop. Comme je m’y attendais, il veut repartir à pleine vitesse. Cette fois, je donne un coup sec sur les rênes, bloque mes jambes, et garde un dos bien droit. Il pile, la tête haute, , totalement creux. Je souffle un coup et essaie de relâcher la tension dans mes mains et dans mon dos.

Je repars au pas puis au trot. Progressivement, il vient se placer sur ma main. Une nouvelle fois, je demande la galop. Cette fois-ci, il répond à mes aides, sans tenter de s’évader. Je reste une longueur ainsi, puis repasse au trot, et au pas, rênes longues. Grand sourire au lèvres, je le caresse longuement, appuyée sur son encolure. Nous marchons encore un moment, avant que je ne mette pied à terre. Je le dessangle d’un trou, et remonte mes étrier. Encore une fois je le gratifie de nombreuses caresses. Nickel, mon gros, bon travail, bravo. Ce qu’il a fait, je sais qu’il était parfaitement capable de le faire et que ça ne demandais pas d‘effort surhumain. Je suis juste ravie qu’il l’ait fait avec moi. Je sais que le travail n’était pas spécialement intensif, mais une première rencontre, pour moi, ne se fait pas en demandant de la haute école.