[ ENJOY THE NIGHT « Charlie

Le regard fermé, le straits tirés par une colèee sourde dirigée contre lui-même, Thommy la regardait fixement, les poings serrés, mais sans pouvoir faire un seul mouvement. Il se détourna vivement d ses yeux et s'accouda au bar en respirant profondément. Comment faire pour qu'elle ne se rende pas compte du tumulte d'émotion qu'elle provoquait à caque nouveau regard? Aucune idée. Thommy commanda un double scotch et cala le fond de son gros verre cul-sec avant de se retourner de nouveau vers elle pour lui lancer un petit sourire. Il avala une gorgée de son Club Soda et l'empoigna fermement avant d'aller à sa rencontre, n'ayant même pas un regard pour celui qui la tenait par la taille. Non, mais est-ce qu'il s'attendait à ce qu'ils deviennent copains? Dans tes rêves!

Il fut devant elle en quelques enjambées et excuses marmonnées, et son sourire s'élargit. Monsieur l'accompagnateur se dressa soudain devant lui et demanda d'une voix qui faillit faire rire Thommy :

« Qu'est-ce que tu lui veux, à ma copine? »

Le jeune homme regarda par-dessus l'épaule dudit Monsieur et envoya un regard interrogateur à Charlie en demanda, ne s'adressant toujours pas à lui en personne :

« Tu le connais, Charlie? »

Il poussa celui qui lui barrait la route, sans attendre de réaction de sa part, et se posta devant Charlie en la dévisageant, un sourire scotché sur ses fines lèvres. La colère passée, il ne lui restait qu'un intense sentiment de perte. Perte d'une amie. Perte d'une amitié profonde. Perte d'une, peut-être, future copine. Ça fait mal, très mal quand on voit celle pour qui notre coeur bas dans les bras d'un autre. Mais ça encore plus mal quand on sait qu'elle le fait parce qu'elle n'a jamais pu savoir tout ce qu'il ressent. C'était trop dur de lui avouer. Les yeux pétillants de joie, il ouvrit ses grands bra, comme à l'ancienne, l'invitant à venir s'y loger. Comme dans les beaux jours.

Tu m'étonnes? Non, pas du tout, et Thommy le savait pertinemment, mais lui expliquer tout ce qui s'était passé depuis le temps, depuis leur séparation aurait été trop pénible. Il s'en était passé des choses dans sa petite vie sans Charlie. En voyant sa réaction face au geste de son homme d'un soir, Thommy su qu'elle n'avait pas perdu de son indépendance, elle avait toujours été comme ça ; elle prenait un nouveau copain chaque semaine ou presque. C'est un peu pour ça aussi que Thommy ne lui avait jamais avoué, il avait peur qu'elle lui dise oui pour le laisser tomber après quelques jours. Lorsqu'elle se mit à lui ébouriffer les cheveux, il fronça les sourcils et attrapa sa main, l'enlevant de sur le dessus de sa tête avec un petit sourire. Bouder son coiffeur? Mais quel coiffeur? Le jeune homme haussa simplement les épaules en répondant, faussement surpris:

« Coiffeur? C'est quoi, ce truc? »

Bien sûr, il était déjà allé chez le coiffeur, mais les tests qu'il avait fait ; la boule à zéro, coupe armée et coupe champignon ne lui aviat jamais réussis alros il avait simplement décider de laisser pousser sa tignasse brune, folle et indisciplinée en même temps que son caractère, quoi que celui-ci différait juste un peu. Bref, il la laissa régler le problème du sticker vivant et l'attendit patiemment dansant tout doucement. Lorsqu'elle vint le rejoindre, un large sourire éclaira son visage et il se laissa entrer dans la danse, comme envouté par les mouvements de Charlie. Il avait oublié, depuis le temps, combien elle était belle quand elle dansait. Il se souvenait aussi d'une soirée à laquelle ils avaient été ensemble, le plus beau couple, parce que chacun d'entre eux s'étaient fait largués juste avant la soirée. Au final, les deux ex avaient été très jaloux, mais les deux amis avaient passé une si belle nuit que leur coeur brisé par cette récente rupture était totalement guéri. Ah, comme ça faisait longtemps, tout ça!

Mais là, en ce moment, Thommy était aux anges. Il se rapprocha doucement de Charlie, derrière elle et, après avoir lancé un petit regard indifférent à celui qui semblait si attaché à elle danser d'une façon assez intime avec une autre fille, lui dit à l'oreille, le ton sérieu d'un coup :

« Je te demande pardon, Charlie, je sais que j'aurais pu t'appeller, mais ça été très compliqué. Tu veux qu'on aille au bar? »

Il exécuta quelques mouvements de danse en suivant toujours le rythme pour se retrouver devant elle, fouillant ses prunelles d'un noir d'encre dans cet éclairage plus que tamisé, le visage aux traits serrés d'appréhension.

Elle dansait la mâchoire crispée, elle ne lui disait pas ce qui se passait, mais il en avait une bonne idée. Pourtant, lui n'était pas seul en faute dans cette situation. Pourquoi elle ne l'avait pas appellée durant ces années? Toutefois, quand elle le regardait avec ses yeux à l'iris coloré de brun, de chocolat, de doré et de marron avec cette certaine dureté dans l'oeil, mélangé à de la déception visible, il ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable de tous les maux du monde. Alors il venait à se trouver très idiot d'avoir pu penser à sa douleur avant la sienne. Chaque fois, c'était la même chose, et il en devenait dingue. Une de ces jours, il ne pourrait plus avoir une nouvelle faute sur le dos, ça serait trop et l'éponge se tordrait de tous les sens pour recracher tout ce qu'on lui avait fait ingurgiter. Déjà, il avait changé, elle l'avait vu lorsqu'il avait retiré sa main de ses cheveux, ça faisait longtemps, depuis plus personne n'avait touché à ses cheveux. Et là, elle qui faisait un grand bond dans sa vie, qui se permettait de lui ébouriffer les cheveux. Comme si rien n'avait changé. Mais non, ça n'allait pas, pas du tout.

Il hésita à poser sa main dans son dos, mais finalement, il appuya légèrement sa grande paume près de son omoplate et marcha en regardant plus haut que sa tête vers le bar. Une fois là, il prit un siège, le même que tout à l'heure, et posa ses coudes sur la surface en bois lisse. Ses yeux fuyaient ceux de Charlie, il n'osait l'affronter du regard. Sa voix, malgré le brouhaha de la musique, fut plutôt basse mais aussi masculine qu'à l'habitude.

« Je sais que j'aurais pu t'appeller, mais toi aussi. Beaucoup de choses ont changé, et pas juste de mon côté. »

Il releva alors les yeux et faillit esquisser un mouvement pour lui prendre la main, comme avant quand ils devaient se réconcillier, une main sur l'autre, un grand sourire fendu jusqu'aux oreilles. Ça n'allait pas, cette fois.

Voila!